Un peu au nord de Santiago, toute la largeur du Chili : de l’Océan Pacifique à la Cordillère des Andes !
Passage au musée d’archéologie de La Serena
Malgré le danger des camions, ces 2 semaines de Panaméricaine entre Santiago et Vallenar, entre mer et montagne, furent somptueuses.
Le voyage décidera unilatéralement de la route à suivre et jamais je n’atteindrai le Mexique, tout comme jamais je n’accomplirai mon projet initial de tour du monde. Je me rendrai plus tard à l’évidence d’une phrase tirée d’un des livres qui alourdissait parfois mon équipement et que j’avais inscrite dans mes notes de voyage :
L’exploration était géographique, culturelle et…littéraire : je trimballais toujours un ou deux livres que je revendais ou échangeais sur les ferias artesanales ou les Plazas de Armas. Des ouvrages, produit d’un troc ou récupération de bouquins oubliés dans les hostal, qui me tombaient sous la main sans jamais que je les choisisse vraiment. Poids supplémentaire mais indispensable compagnie qui alimentait ma découverte et mes notes comme cette autre phrase retrouvée à la date de mon arrivée à Vallenar : « Y lo que llamáis morir es acabar de morir, y lo que llamáis nacer es empezar a morir, y lo que llamáis vivir es morir viviendo » (« Et ce que vous appelez mourir, c’est terminer de mourir, et ce que vous appelez naître, c’est commencer à mourir, et ce que vous appelez vivre c’est mourir en vivant »). Une citation qui résonne aujourd’hui comme un véritable antidote philosophique au poison covidiste. Haro sur le mirage hygiéniste vers un élixir de trop longue vie, place à l’aqua vitæ framboisée ! En mai, dans le sud du Chili, j’avais participé aux vendanges et à la récolte de framboises. Nous en avions profité pour mélanger les fruits récoltés à une eau de vie jalousement conservée depuis des années. De cet assemblage 100% artisanal, en fut élaborée une quantité telle, qu’en apparaissait encore dix ans plus tard. Le soir, sous la tente sans toit et les cieux parmi les plus purs du monde (le secteur abrite nombre de téléscopes et notamment le VLT un peu plus au nord), je savourais un petit bouchon de cette liqueur de framboise. Grand luxe !
Le trou noir ! Des notes imprécises, des indications éparpillées (chemin C438, C416, C370…), l’absence de tracé sur une carte, les souvenirs qui s’effacent et deux insuffisantes photos rescapées interdisent toute reconstitution de l’itinéraire parcouru après avoir quitté la Panaméricaine au nord de Vallenar. En substance, mes notes de voyage décrivaient déjà à l’époque les mauvais tours que me jouait le désert :
La disparition imperceptible du chemin cumulée à la présence de la camachanca, insuffisamment chargée en humidité pour déclencher le phénomène du « désert fleuri » mais, suffisamment intense pour troubler le sens de l’orientation, se transformait en un terrible piège. Bel et bien perdu, laborieusement, je poussais, trainais les 40 kg de la bête dans la rocaille et à flanc de montagne dans l’idée d’atteindre une crête pour, si ce n’est avoir une vision générale, au moins profiter d’une descente. Sur la photo ci-dessous, prise au sommet, on distingue un chemin pas encore salvateur mais déjà porteur d’espoir…
Ci-dessous, l’espace de 3000 km2 entre l’Océan Pacifique et la route N°5 depuis laquelle j’ai suivi une piste en direction de l’océan peu après avoir quitté Vallenar, pour rejoindre Bahia Salada. 3 jours sans repère !
Bahia Salada finalement ralliée, je décolle pour l’objectif Paso San Francisco !
8 jours en apnée et le Paso San Francisco est atteint mais à quel prix ? Déshydratation, léger MAM (Mal Aigu des Montagnes) : je me retrouve hospitalisé à Tinogasta (Argentine) pour quelques jours !
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