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J’avais commencé, comme pour tous les autres récits, à révéler les lieux de départ, d’arrivée de ce périple, le pays, l’identification des plages et…un malaise m’assaillit : celui de trahir l’endroit ! Celui de le livrer au succès et au saccage qui inéluctablement suit : celui du monde moderne, du tourisme ravageur, de l’aménagement et de la construction, des déchets, enfin de l’assassinat du beau et de l’intime. Ce trésor que je suis allé chercher avec les tripes…Je reconnais, c’est un peu égoïste mais totalement assumé. Pas facile dans un système qui broie la planète, et où tout est voué à être converti en espèces sonnantes et trébuchantes, d’en préserver les joyaux. Je n’ai trouvé que la discrétion. Le meilleur moyen de protéger ces perles, c’est de faire en sorte que les hommes n’y aillent pas ou le moins possible.

Alors voilà, 80 km dans la jungle en une semaine de fusion totale avec la nature, passer à gué les rivières jaunes citrine entre deux plages, les lagons verts émeraude entre deux îles, se délecter de fruits tropicaux, brûler au soleil puis s’évaporer dans l’eau turquoise de chacune des innombrables baies traversées, se rafraîchir sous les cascades, parcourir pieds nus les sentiers de terre glaise à l’ombre d’immenses bambous, s’impressionner de la puissance du cri des singes hurleurs…Nous avons pris soin de n’y laisser trace et en avons été marqués d’une, indélébile !